Mon expérience monastique (1)

Publié le par Petite fleur du seigneur

Mon expérience monastique (1)

J'ai envie de vous partager ce que j'ai vécu ce mois d'août... une bien belle expérience...

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Me voici enfin à l'abbaye de Tamié... Il y a une grande sérénité en ce lieu... Cependant, je n'ai pas lâché toutes mes peurs. Je viens de m'apercevoir avoir oublié de prendre un médicament contre la fièvre "au cas où". Et si.. et si..

Le premier temps de prière a lieu à 12h15. Je pense que ma guérison intérieure viendra de Dieu seul. Il paraît que le Père Vincent est aussi en retraite en ce lieu. Je ne l'ai pas encore vu. Je ne l'ai pas cherché non plus. Mon coeur est en joie d'être ici. C'est si serein ! au fonds, je n'attend rien d'autre qu'un retour sur moi loin du bruit du monde. C'est étrange parce que cet isolement reste relatif. Je sais que de nombreuses personnes pensent à moi. J'ai laissé le stylo en lévitation au dessus de ma feuille et j'ai écouté le silence... Bienheureux silence plein de vertus curatives.

Hier, mon éditeur m'a livré mon livre ! Je suis fière d'avoir été au bout de ce à quoi je croyais... laisser à mes enfants et petits enfants un petit bout de moi... A la gloire de Dieu : Le seigneur est mon guide et c'est grâce à son amour que j'en suis là. Sa confiance en moi me donne des ailes et pourtant, très souvent, c'est moi qui manque de confiance en lui. J'en ai tellement rêvé de cette édition. Il m'a fallu de la patience et faire taire mon égo. Et je suis là.. j'ai pris la décision de venir toute seule en ce lieu... qui l'eut cru ? Certainement pas moi... si petite fille dans l'âme. Mais je suis mon papa des cieux. Il me guide.Je t'aime Dieu... Il est 12h.. Je vais aller me préparer sereinement pour les "sextes".

Le temps semble filer à belle allure... Moi qui avait de l'appréhension de trouver le temps long, il n'en est rien. Il est déjà 14h30. Le repas s'est fait en silence avec une musique de fonds. Alors que nous allions passer à table, je vois le Père Vincent arriver, me sourire, s'incliner légèrement et me tendre sa douce main. On se chuchote un bonjour et après l'action de grâce, le repas commence. C'est étonnant comme le fait de ne pas parler vous concentre sur des petites choses dont nous ne faisons pas attention habituellement. Les couverts qui s'entrechoquent me donnent l'impression de rythmer notre mâchoire. Je regarde mon morceau de pomme de terre comme s'il était unique au monde. Et d'ailleurs, je n'en ai pas trouver deux pareils. les yeux parlent... d'un regard, on invite l'autre à un verre d'eau ; on lui tend la corbeille de pain et l'autre pour signifier un merci clignent des yeux. j'ai un amusement intérieur. L'un des convives cogne son verre et je le sens confus. Mon Dieu, il a brisé le silence ! Après avoir mastiqué consciencieusement, je reste un long moment à admirer la peinture accrochée au mur qui me fait fasse. Elle représente la cène... le dernier repas du christ. Les personnages sont de simples ébauches et on devine le pain et le vin posés devant le christ. j'aime bien ce tableau. il est humble et chacun peut y puiser tout l'amour du Seigneur.

Le repas s'achève et chaque retraitant aide à la vaisselle, à ranger, à remettre le couvert pour le soir. Tout est organisé pour une perte minimum de temps. Au café, la parole est rendue. Le Père Vincent répond avec bienveillance aux questions qui lui sont posées sur les JMJ en Pologne. Il nous parle Jeunesse, émulation, émotion et temps de grâce.

La conversation dévie sur les événements tragiques des derniers jours. Un retraitant habitant la banlieue parisienne nous avoue sa peur. Tout transpire en lui la confusion. Nous sommes plusieurs mais c'est vers moi que son regard se fixe. "Seigneur, toi qui sait comme j'aime aimer et réconforter, que veux tu me dire ? puis-je aider ?" Alors, doucement, je lui dis qu'il doit se centrer en lui et non sur les autres parce que la peur se ressent. A demi-mot, je lui parle "développement personnel". Je lui suggère que cette peur est certainement plus ancienne qu'elle en a l'air. Il me regarde et me dit qu'il était un enfant battu. "Seigneur, si tu veux que j'aide mon frère, je serais la... amen.." La conversation est écourtée parce que le temps de l'après-midi va commencer. j'ai donc déjà vécu 2 temps de prière mais je dois dire que pour le moment, je n'arrive pas à m'intérioriser... mais la beauté des chants m'émeut. j'ai tout le temps devant moi alors je vais l'octroyer une sieste avant d'entamer une balade dans les bois.. n'avoir en tête que Dieu.. merci Seigneur pour ce cadeau.. Je t'aime tu sais...

La nuit tombe doucement sur Tamié. j'entends les grillons entamer un concerto comme une douce berceuse dédiée aux âmes qui habitent l'abbaye. Je me sens en paix. je viens de me rendre compte que j'ai oublié mon chargeur de téléphone. Vu l'absence de réseau, je l'ai éteins. Je le rallumerai samedi après-midi.

Mon après-midi est passée extrêmement vite. je me suis octroyée une demi heure de sieste et je suis partie marcher. Le silence est une présence rafraîchissante. Il y a néanmoins beaucoup d'estivants aux abords de l'Abbaye. j'ai marché une petite heure mais j'ai renoncé à atteindre le col. J'ai fais une bien jolie découverte... une source... c'est étrange... on dirait que tout un pan de montagnes a dévalé la pente. l'eau est limpide et je me risque à passer de pierre en pierre. J'arrive vers un renfoncement et je pousse un léger cri de ravissement. Il y a une pierre qui a un visage. On distingue les yeux, le nez, la bouche. l'Esprit de Dieu s'est posé sur la pierre. je remercie le ciel pour ce trésor. En redescendant, je croise Père Vincent occupé à décharger sa voiture. Nous discuterons quelques minutes. il m'invite à randonner avec lui les jours prochains. Je lui parle de mes doutes et de mon manque d'intériorité. Il me dit qu'il est possible de rencontrer un frère. je vais y réfléchir... Je me dirige vers la cuisine du monastère et me prépare une tisane. J'y retrouve Christophe, l'homme avec qui j'avais conversé après le déjeuner. Nous passerons un long moment avant les vêpres à parler foi, chemin de vie... etc.. C'était vraiment un beau partage. j'entre tranquillement en moi sans apparat, sans faux semblant... Je laisse venir.. Le repas est encore une fois pris en silence avec une musique d'opéra. j'avoue que ce n'est pas forcément ma tasse de thé mais je me laisse bercée.

Le silence des repas me force à revenir à des choses dont je ne prenais plus garde. Je remarque la personne en face de moi jouer avec ses miettes de pain pour en faire un tas... Je remarque les cils des poireaux dans ma soupe.. une soupe comme j'en ai rarement mangé.. un délice.. Les moines nous gâtent et leurs portions sont d'une générosité gargantuesque.

A 20H, je me rends à la dernière prière du jour.. ça y est.. je suis enfin entrée en Dieu... J'observe les moines, leur prestance et leurs chants sont envoûtants. La lumière est tamisée et ils chantent pour Dieu, lui demandant de veiller sur notre nuit. l'émotion est palpable. Je me sens à nouveau émue.

Après ce temps de prière, je restera dans le fonds de l'Eglise. "Merci Seigneur pour ce cadeau, pour ma présence en ces lieux !". "De rien, Claudine, tu le mérites tant !... ça y est... je me prends pour Don Camilo. Je rigole intérieurement et le Seigneur avec moi... toujours et de plus en plus folle de Dieu..

Il est déjà 21h44 et si je veux réussir à me lever pour la prière de 4h, il serait bien que je me repose un peu...

A suivre...

Divinement vôtre

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