Soit heureux… Tu ne sais jamais combien de temps il te reste..

J’ai envie de vous raconter une petite histoire… qui s’est passé en deux temps… La semaine dernière, à l’église, je vois une dame de 85 ans… elle habitait dans l’immeuble de mes parents lorsque j’étais plus jeune.. Je vais lui dire bonjour et elle me demande des nouvelles de mes parents. Nous discutons pendant 5 mn et elle me dit être venu à pied.. 5 km ! Je lui dis de m’attendre après la messe et que je la ramènerais en voiture. Après l’office, elle discute deux minutes avec le Père Vincent qui lui demande des nouvelles d’Eric, son petit fils… Et là… Elle se met à pleurer.. Je suis un peu embarrassée mais avec douceur, je l’emmène à ma voiture.. Elle me raconte un peu sa vie… Venue d’Espagne à l’âge de 36 ans, elle a eu 8 enfants. Elle a travaillé pourtant à l’usine toute sa vie et au début, ils n’avaient même pas de machine à laver. C’est une femme courageuse et j’ai beaucoup d’amitié pour elle. Toujours en douceur, je lui parle d’Eric et elle me dit qu’elle n’a plus de nouvelles. S’étant disputée avec sa mère, il est parti. Il a environ 25 ans, une foi immense et sa grand-mère l’aime énormément. Je la réconforte comme je peux et je lui dis de garder confiance parce qu’Eric l’aime. Il lui faut juste un peu de temps…

La semaine passe et ce matin, je vois sa petite silhouette dans l’église. Je vais l’embrasser. Elle a un visage apaisée. Eric ? Elle n’a pas de nouvelles mais ça va. Alors que la messe va commencer, je vois Eric s’approcher. Elle se lève, il la prend dans ses bras. Un amour se dégage… si fort… si prenant que les larmes commencent à couler sur mon visage comme sur le leur… Il s’assoit à ses côtés et main dans la main, ils assisteront à l’office. Ce sont des grâces comme ça qui pénètrent dans mon cœur si fragile en ce moment. C’est d’ailleurs difficile d’expliquer mon état d’être à des personnes qui ne sont pas hypersensibles.

Mes larmes continuent à couler parce que ce n’est pas très facile en ce moment pour moi… pas très facile de continuer à s’aimer malgré tout… Malgré ce qui se passe au travail, malgré la déception des gens que je côtoie mais qui au fonds ne me connaissent pas… malgré ce choix que je dois faire et qui doit rester stable dans ma tête et mon cœur. Comment amener les enfants et leurs parents à Jésus si moi-même je n’arrive pas à être en Dieu et dans une confiance totale ? Père Vincent va beaucoup me toucher dans son homélie. J’ai très souvent l’impression qu’il l’écrit pour moi... Son homélie m’a apaisé ainsi que le psaume du bon pasteur, mon psaume de prédilection dans la tempête. Alors que la messe s’achève, je me dirige vers la vieille dame et je lève les deux pouces en l’air. Eric s’en est déjà aller vers d’autres horizons et avec un sourire rayonnant et les yeux plein d’étoiles, nous nous prendrons dans les bras… Un amour pur et divin parce que sans attente… C’est une grâce pour moi de pouvoir voir tout ça… Ces petites vies qui semblent sans importance mais dont le Seigneur prend tellement soin.. Je me sens riche d’un trésor… celui de mon regard… Alors, après tout, mon chemin sera celui de l’amour… des autres… de mon prochain… pour un jour enfin pouvoir dire… je m’aime totalement parce que je ne suis que le fruit d’un amour fou… celui de mon Père, Abba…

Merci Père pour cette vie que tu m’offres… pleine de contradiction mais tellement pleine de toi… Amen