Covid 19 : Mon expérience intérieure - semaine 7

Publié le par Petite soeur du seigneur

Covid 19 : Mon expérience intérieure - semaine 7

JOUR 43

Mon corps est fatigué ; fatigué par mon âme qui n’a cessé de travailler, creuser, cultiver pendant 42 jours. Je regarde l’heure encore blottie sous ma couette. Il est 07h47 !! Une éternité pour moi qui aime tellement les promenades matinales. En me levant, un coup d’œil à la fenêtre me rassure ; il pleut averse. Ce sera cassoulet maison ce jour… plusieurs heures de cuisine parfumeront le palais de ma famille.

Je regarde ce mot palais et me voilà déguisée en reine. Lorsque j’étais petite, ma tête était déjà peuplée de rêves, de royaumes, d’amour et d’étoiles. Je ne me rappelle pas avoir voulu autre chose que d’avoir la tête dans les étoiles et mon cœur avec Dieu. C’est comme si mon âme savait qu’elle venait d’ailleurs.

En grandissant, j’avais perdu ce sentiment d’appartenance à quelque chose de plus grand que moi et je cherchais déjà en les autres, un sentiment d’appartenance mais comme je n’y prenais maladroitement, je n’appartenais à personne. J’avais des envies pourtant et je n’osais les dévoiler au monde extérieur de peur qu’on ne vienne détruire mon monde intérieur. Ma grand-mère paternelle était infirmière aux hôpitaux de Paris. J’aurai voulu faire comme elle. Elle est décédée lorsque j’avais 11 ans. Elle a été enterrée le jour de la rentrée des classes. Je me souviens ! J’entrais en 6ème et je n’avais pas assisté à la sépulture parce que c’était la rentrée des classes. Je me souviens que j’étais bien contente de ne pas manquer la rentrée des classes mais avec un très fort sentiment de culpabilité de rater le départ de ma mémé. Maman, en vidant le chalet de mémé, m’a fait un cadeau : une magnifique robe de chambre rose encore dans son emballage. Il y a quelques temps, j’avais écrit un texte sur ma robe de chambre rose, je vous le partage :

Aujourd'hui, j'ai fais du ménage : j'ai trié, rangé et jeté afin de faire un peu plus de place dans les énergies de mon lieu de vie. J'ai pris ma robe de chambre rose, élimée, vieille. Elle date de 1982 donc elle a 38 ans ! 38 ans ma robe de chambre... Je l'ai regardé et sentie...Je l'ai pris dans mes bras et je lui ai fais un gros câlin...  ou alors c'est elle qui m'a fait un gros câlin... J'ai inspiré à fonds... Elle sent bon ma robe de chambre... Elle est vieille et ne tient plus guère chaud mais elle sent bon... Elle me rappelle ma grand-mère, mon enfance et elle me rassure.... Il faut que je la jette... Pour Noël, je m'en suis fais offrir une toute moelleuse, très chaude et toute douce. Mais elle n'est pas rose, ni élimée et elle ne sent pas le parfum de mon enfance... Il faut pourtant que je la jette... Allez Claudine, tu es une grande fille tout de même... Jette ta robe de chambre... Gros soupir... Je lui fais à nouveau un gros gros câlin... Hum... Elle sent bon... Mon visage s'illumine... J'ai trouvé ! Je vais découper un gros carré de ma robe de chambre et jeter le reste... Comme ça, quand la nostalgie va me prendre, je pourrais venir sentir le carré de ma robe de chambre... Le fou rire me prend... Intérieurement des poussières de rire viennent pailleter d'amour toutes mes cellules... Je l'ai fais... J'ai désormais un carré de ma robe de chambre rose, élimée mais qui sent si bon... Je suis une "presque" grande fille désormais... soupir... Qu'il est dur de grandir... même à presque 49 ans... mais c'est si bon d'avoir gardé mon âme d'enfant qui a besoin d'être rassuré...

Je suis encore petite fille je le ressens. Ce gros carré de ma robe de chambre, il est sous mon oreiller et très souvent, je le prends dans mes mains et je respire à pleins poumons l’odeur de mon enfance. Je caresse mon visage avec et je le remets sous mon oreiller. J’ai envie de pleurer ce matin en écrivant tout cela parce que la petite fille blessée par la vie est toujours là. Il est temps qu’elle soit consolée non ? Il n’est plus temps de pleurer mais d’avancer. Revenons donc au moment présent. Je suis heureuse qu’il pleuve ce jour parce que je trouve que la pluie apaise les énergies et renforcent la terre. Je regarde le jardin de mon mari et j’entendrais presque les « mini » légumes faire la fête en sautant dans la piscine. Hier après-midi, j’ai été marchée pieds nus dans mon jardin en buvant une tasse de thé. J’ai fais le tour de ma maison en marchant pieds nus et qu’est ce que j’étais bien. C’était un super moment et j’ai ressenti ma connexion avec la terre. Oui, c’était une envie bonne pour moi et que j’ai concrétisé. Dorénavant, je ne me briderai plus. Il est important d’aller au bout de soi et de ce que je porte en moi. Je mérite le meilleur.

… (plus tard).. Il pleut toujours. Mon cassoulet mijote doucement. Cela sent divinement bon. J’ai profité de cette matinée grise et humide pour entamer mon cours d’anthropologie philosophique (semaine 4). Le thème était l’identité. Cela a été extrêmement porteur et intéressant quand je suis arrivée à la conclusion que l’identité incorpore l’univers tout entier. Wow c’est super puissant. L’identité est d’abord donné par l’état en tant que nom, prénom et on reconnait aussi l’individu par rapport à ses « tics », ses vêtements, son allure, son foyer etc etc. Elle est évolutive et on joue plusieurs personnages à la fois (professionnel, amical ou marital). Le but est que ces différents personnages soient suffisamment unifiés pour ne pas tomber dans des pathologies maladives. On peut aussi s’identifier de manière narrative (n’est ce pas un peu ce que je fais dans ce journal du confinement ?) et ce récit de soi permet de surmonter le caractère fragmentaire de nos vies. La forme suprême de l’identité narrative en est l’autobiographie. « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers tout entier » Socrate. C’est dingue tout de même que de s’apercevoir que tout ce que je touche me ramène à la connaissance de soi, de moi, d’un peu plus de moi puisque l’on sait que tout être est évolutif et ceci jusqu’à la mort. J’espère vraiment apprendre à me connaître davantage, toujours et encore. Je suis nourri par tout ça. Merci Seigneur pour tout ce que tu m’apportes dans cette période qui va à contre courant du lien social mais qui est une formidable occasion de faire grandir son âme.

Ps : ce matin, sous la pluie, je l’ai fais. J’ai enlevé mes chaussures et j’ai marché pieds nus dans l’herbe mouillé en regardant à droite et à gauche pour voir si personne ne me voyait. C’était bien la terre contre mon pied, son humidité et les gouttes de pluie de l’herbe qui venait chatouiller mes orteils. C’était trop bien. Cela a été un petit rayon de soleil de ma journée.

JOUR 44

La nuit a été difficile. Ce mal de hanches est très présent la nuit. La position allongée n’est pas la meilleure position. Je devrais peut être faire comme les chevaux et dormir debout.

Les nuages sont encore nombreux mais le soleil a l’air de vouloir montrer son bout du nez. J’ai bien aimé ma promenade de ce matin parce que lorsqu’il pleut, toutes les senteurs de la terre viennent chatouiller le bout de mon nez. On sent l’humus, les végétaux et je respire à pleins poumons l’odeur de ce monde que j’aime tant. Pendant ma balade, je me suis posée une question. Je pense à toutes ces personnes qui sont terrorisées par le covid 19 et qui ne sortent que masquées. Je n’ai jamais eu peur de ce virus même si je prends quelques protections. Une petite voix dans ma tête m’a dit « tu aimes tellement peu cette vie que la perdre ne te fait pas peur ? » J’ai été saisi par cette pensée et j’y ai réfléchi. J’aime la vie profondément mais cette pensée vient de mes blessures intérieures non guéries et puis jésus a dit : « En vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement mais il est passé de la mort à la vie » Jean 5-24. J’étais donc morte et Jésus m’a ramené à la vie. Je sais que cette vie n’est que l’antichambre de la vraie vie ; la vie où je verrai le Christ et où je baignerai dans l’amour. Alors oui, peut être bien que je n’y tiens pas tant que cela à cette vie terrestre parce que je sais qu’elle nous est prêtée et qu’elle ne nous appartient pas.

J’ai été dans la matinée acheter du pain pour mes parents et je me suis arrêtée à l’église pour prier. J’écoutais le silence devant le tabernacle et je le respirais à pleins poumons comme l’odeur de ce monde que j’aime tant. On peut respirer le silence et le faire pénétrer dans chaque particule de notre être. Cela me fait ressentir la paix et la présence réelle du Christ. Ce silence est habité. J’ai beaucoup prié et j’ai demandé à Jésus de l’aide pour arriver à m’aimer tel qu’il veut que je m’aime. Avant de partir, j’ai chanté dans l’église : « Jésus, toi qui a promis d’envoyer l’esprit à ceux qui te prie, ô Dieu pour porter au monde ton feu, voici l’offrande de nos vies ». Je suis ressortie de l’église fortifiée de l’intérieur un peu comme si j’étais entrée dans le ventre de Dieu et qu’il m’avait nourrit de son amour.

Je monte dans ma voiture et j’allume la radio. La première phrase que j’entends : « Soit gentille avec toi ». Je suis émue parce que je comprends que le Seigneur a entendu ma prière et me répond à travers cette chanson. « D’accord Seigneur, je dois être gentille avec moi mais euh… maintenant que tu a lancé cette phrase, il va falloir que tu m’apprennes à le faire Dieu ! Parce que moi je ne sais pas du tout comment faire ! ». En tout cas, cela m’a fait beaucoup de bien et je me sens mieux que ces deux derniers jours. Il me faut être patiente avec moi-même. On ne tire pas sur une plante qui pousse au risque de casser sa tige. On l’arrose et on la regarde pousser. Je vais me regarder grandir avec amour et indulgence. Jésus s’adapte à mes pas. Il est bon de ne plus regarder par le trou de la serrure. J’ai tout mon temps pour m’occuper de moi désormais. Je vais jardiner mon propre terreau et on verra bien ce qui germe ou non.

Fin d’une journée un peu particulière ou étrange parce que j’ai ressenti beaucoup de douceur envers moi-même et je me suis respectée dans ce que je suis. J’ai eu mon ange d’amour au téléphone et elle a raison : « abandonnes-toi toute entière ». Oui Seigneur, aides-moi à m’abandonner à toi ! Même cela, toute seule, je n’y arrive pas. Je t’aime tu sais.

JOUR 45

Tiens, tiens… je dois aller mieux. Il est presque 19h00 et je n’ai pas trouvé le temps d’écrire. Ce fut une journée de « rien » rempli de petits « bouts de vie ». Avec ma fille, nous avons fait 137 sushis et makis !! Un beau moment de partage et de convivialité. Le temps est triste et il pleut averse. Il a plu toute la journée alors j’ai décidé d’être dans un cocon. J’ai dormi aussi et j’ai attaqué un livre « Foutez vous la paix et commencez à vivre !! ». Tout un programme pour moi mais nécessaire à ma réappropriation du  « simplement simple » et de la vie sans pourquoi comme dirait Alexandre Jollien, philosophe que j’aime beaucoup.

Aujourd’hui, le temps passe doucement. C’est comme si je me trouvais dans un bateau bercé par la légère houle en me faisant dorer la pilule (euh sous la pluie ?). Je m’accorde cette journée de rien pour essayer d’être gentille avec moi. C’est le message reçu hier non ? Comme j’ai décidé d’être gentille avec moi, je vais écouter mes envies. Je n’ai pas envie d’écrire. Je vais prendre cette journée comme une pause. On verra demain de quoi mon « monde » sera fait. Aujourd’hui, il est silence, douceur et repos.

21h29… tout ce que je ressens, m’appartient et personne ne pourra m’enlever cela. Tout ce que j’ai vécu fait parti de moi et cette connexion avec les êtres est bien réelle. A partir du moment où je côtois des êtres d’exception, ils restent à jamais dans mon cœur comme une fragrance d’un parfum subtile ou alors une empreinte qu’on a gravé tel une étoile à Hollywood. Oui, une étoile… mon étoile… J’ai appris à dire « je » à défaut du « on » beaucoup plus impersonnel. Il est temps que JE m’approprie ma vie et que je ne nie plus mon ADN d’amour. Ce soir, je suis en paix avec qui je suis et j’ai compris que les départs, je les ai créés pour une grande partie… un peu comme si je n’étais pas digne d’être aimée. C’étaient de belles personnes. Ce sont de belles personnes et je suis chanceuse d’avoir l’espace d’un instant pu partager la vie de telles étoiles… de merveilleuses étoiles filantes. Je ne peux qu’en remercier la vie. A moi de faire en sorte de ne plus  créer de départs mais d’accueillir ce qui vient sans peur et avec confiance.

JOUR 46

C’est un jour béni qui se lève. Cette nuit, j’ai fais encore un drôle de rêve où je n’arrivais pas à passer la frontière. C’était interdit. Etrange ces rêves… Une balade pluvieuse où le vent s’est invité, m’a mis de bonne humeur. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? Tous les éléments météorologiques me font ressentir encore plus fort la nature et la terre. Je suis en paix. En rentrant, petite séance de gym suivie d’une séance de Qi Gong. J’ai découvert depuis peu cette discipline qui allie respiration et mouvements lents. En me renseignant un peu sur le net, j’ai appris que ce mot est composé de deux idéogrammes. Qi signifie souffle ou énergie interne et Gong traduit la maîtrise. Il en existe plus de 1000 formes ou méthodes fondées sur les principes de la médecine chinoise. Cette gymnastique traditionnelle permet un travail sur soi au quotidien en proposant de développer la condition physique, favoriser la détente, soulager le stresse et améliorer ses capacités respiratoires. J’ai vraiment apprécié grandement cette séance et j’ai ressentis aussi que les mouvements, une fois acquis, devaient me permettre d’entrer plus profondément en moi afin de sentir et accompagner l’énergie du mouvement. Je suis détendue et sereine ce jour.

La journée a été plus qu’humide et la neige est revenue blanchir les sommets alpins. C’est étrange. Il y a peu de temps, nous étions en tee-shirt et nous revoilà en hiver. Je souris parce que je repense à cette phrase « soit gentille avec toi ! ». En ce moment, je suis tellement gentille avec moi que je ne suis guère productive dans le faire mais plutôt dans l’être. Je lis, je fais mes balades, de la gym et je regarde des films tout en faisant du canevas. J’ai regardé cet après-midi un très beau film « Le pianiste » de Roman Polanski (nota : je parle du réalisateur et pas de l’homme). Ce film m’a ému parce que dans notre société actuelle, nous passons notre temps à nous plaindre et à ne pas nous satisfaire de ce que nous avons. D’ailleurs, je devrais utiliser le JE et pas le NOUS. Je passe donc beaucoup de temps à essayer de m’améliorer et d’être meilleure humaine. C’était une époque terrible cette seconde guerre mondiale avec tellement de haine et d’inhumanité ! Je pense à mon grand-père qui était juif et qui a passé quelques temps dans les camps de Drancy avant d’être relâché grâce aux relations de ma grand-mère et d’aller se cacher en zone libre. C’est peut être pour cela que cette époque me parle autant.

Je continue aussi à prier le chapelet tous les jours avec Lucie. Cela fait 46 jours que je prie le chapelet en sa compagnie. Le 11 Mai, nous devrions avoir un peu plus de liberté et j’ai proposé à Lucie d’aller prier le chapelet à la Bénite Fontaine. Cela devrait être fort et priant.

Je trouve que ce confinement a remis « les pendules à l’heure » dans le sens où chaque être humain est soumis à la maladie alors qu’on soit riche, célèbre, pauvre, noir, blanc ou autre, nous sommes tous pareils et confinés. Je trouve cela complètement apaisant et cela me met en joie. J’espère désormais que personne ne mettra plus personne sur un piédestal. Il y a des personnes inspirantes mais pas de maître. Le seul maître que je connais c’est le Seigneur, Jésus. On s’en fiche de savoir que celui-ci joue au football comme un Dieu où que cet autre chante et fait lever des millions de fans ! Qu’est ce que c’est que cela ? Nous avons tous des charismes et je pense qu’il est vraiment important d’arrêter de se dénigrer tout le temps (moi la première). Dieu, dans sa grande bonté, nous a tous donnés des talents différents. Il faut les découvrir, c’est tout. J’espère qu’après cette crise, les gens auront évolués intérieurement. (pause)… Je me trouve orgueilleuse de dire cela. C’est comme si je me plaçais dans une position supérieure. « Moi je sais et pas eux ». D’ailleurs, on évolue tous, à notre rythme et nous sommes tous voués à un retour à la Source, au Seigneur, à l’amour. Je sais cela et je sais que le temps n’a pas d’importance. Je reste dans la joie et la paix. Merci Jésus de me donner autant à chaque heure qui passe. Amen

JOUR 47

Le ciel est encore bien couvert ce jour et il pleut légèrement. Ma balade a tout de même été très belle ce matin. Je n’aurai jamais pensé au vu de mes écrits que ce kilomètre de balade pouvait m’apporter autant de joie et de bonheur. Comme quoi, l’humain sait se contenter de ce qu’il a. Je pourrais avoir encore moins n’est ce pas ? Je suis passé entre les arbres et mon âme avait envie de rire. Je me suis pris pour une reine et j’ai salué des deux côtés de l’allée. Cela m’a amusé intérieurement. Après tout, peut être bien qu’il y avait des anges invisibles pour me saluer. Qui sait ?

J’ai eu aussi un copain supplémentaire ce jour : un beau héron cendré. Il était caché parmi les roseaux du lac et s’est envolé en entendant approcher Lola. J’en ai sursauté. Il était par sa prestance, imposant et superbe. Je remercie le ciel pour ce beau moment. Nous continuons à cheminer et je vois le héron qui s’est posé un peu plus loin. J’essaye de le prendre en photo mais il est apeuré par la chienne et s’envole à nouveau. Tant pis. Je suis heureuse en tout cas de l’avoir vu par deux fois. Je suis également heureuse parce que ma hanche me laisse en paix depuis deux jours. La douleur semble apaisée pour un moment. J’ose à espérer que ma séance de Qi Gong y est pour quelque chose. J’en ferai une autre cet après-midi. J’aime beaucoup cette sensation humide d’après-pluie. Je me sens renouvelée de l’intérieur. Ce moment matinal est vraiment un de mes moments préférés du confinement parce qu’il me permet de me sentir en total harmonie avec qui je suis. J’arrive bientôt au parc des Esserts et traverse un pont. Que vois-je ? Mon beau héron cendré qui s’envole à nouveau juste devant moi ! Décidément ! par trois fois ! Cela me ramène à ma foi. Ce chiffre trois est tellement important : La trinité. Par trois fois, jésus a demandé à Pierre : « m’aimes-tu ! » et par trois fois Pierre l’a également renié. C’est un drôle de paradoxe tout cela mais ce trois est un. L’univers nous en donne la plus belle preuve en nous offrant un cadre de vie naturel merveilleux et des animaux comme compagnons de route. Nous sommes sa création bien aimée. Merci pour ce beau moment matinal !

Une journée de plus de passée… pluvieuse, triste, heureuse, gaie… Tout cela à la fois et tellement plus que cela en fait. Une journée où tout ce qui me compose est exacerbé et que j’accepte entièrement sans m’auto flageller. Je suis en vie…. Humainement en vie…

JOUR 48

Il fait gris mais la pluie a enfin cessé. La météo annonce une grande amélioration et le soleil pour demain. Cela va faire du bien car ces quelques jours ont joué sur mon moral. Petite réflexion du matin : Oui, c’est vrai que je ne suis pas toujours gentille avec moi et que je suis très exigeante envers moi-même. Je me dis tout le temps que je ne prie pas assez, que je ne passe pas assez de temps avec le Seigneur, que les autres ont plus la foi que moi. Père Alexandre m’avait dit un jour qu’on est forcément mauvais juge de sa propre foi. Il a peut être raison. En tout cas, ce matin, une pensée m’est venue. Oui, j’ai du mal le matin a prié avec des mots et de prendre du temps pour Dieu. Mais je crois que ce n’est pas ce qu’il me demande. Lui adresser un bonjour est déjà une prière et être en osmose avec la nature, me met automatiquement en lien avec lui. C’est tendre mon cœur vers le ciel sans rien forcer. Du coup, tout devient beaucoup plus fluide dans ma relation avec le créateur et rien n’est tendu. Il n’y a plus de résistance. Il y a juste Claudine qui dit : « Bonjour Mon amour de Dieu ! Je t’aime tu sais ». Il y a juste Claudine qui caresse les arbres et qui inspire l’air à pleins poumons. C’est cela la foi. Je l’ai compris ce matin. Je ne m’imposerai plus des choses qui ne me correspondent pas. L’essentiel est dans une meilleure compréhension de soi et ainsi une fluidité d’être.

Et au fonds, prier Dieu avec des mots, c’est prendre Dieu pour une personne alors qu’il est tellement plus que cela. Quelle mère n’a jamais ressenti lorsque son enfant allait mal alors qu’il n’avait pas prononcé un mot ? Dieu est Abba et Père tout puissant. Il sait tout de nous et en fait, nous le cloisonnons toujours dans ce qui nous arrange. Dieu est infini et univers et ce qui est magnifique, c’est que malgré sa grandeur, il se fait tout petit et il s’abaisse auprès de chacun de nous. C’est troublant d’émotions. Je crois que le Seigneur m’enseigne bien au-delà de tout ce que j’aurai imaginé et m’apprends, à travers lui et notre relation, à m’aimer un peu plus chaque jour. Oui, Je suis dans l’humanité et donc dans l’imperfection mais mon âme est parfaite parce que créée par Dieu. Dans mon âme parfaite, rien n’est impossible et tout l’amour du monde y est présent. Cet amour descend dans mon cœur et c’est par mon humanité que je peux le retransmettre. Voilà le but de notre incarnation : aimer, transmettre, réconforter avec ce que l’on est et même nos imperfections. Cela fait drôlement redescendre la pression tout ça ! Je suis donc et j’accepte qui je suis.

Ma réflexion du matin est belle parce qu’elle me fait accepter totalement mon humanité qui se met au service de l’amour de Dieu. Sans cette humanité et incarnation, comment servir le Seigneur ? Je suis en paix ce matin parce que je m’accepte.

Dans la boîte à livres de ma ville, j’ai pris un livre de poche d’Alix de Saint André « En avant, route ! » qui parle de ses 3 voyages à Saint Jacques de Compostelle. Elle m’impressionne cette femme parce qu’elle a osé ce que je n’ai pas encore osé faire… prendre la route… Elle l’a fait en fumant 3 paquets par jour et sans aucune condition physique et elle est arrivée au bout de son périple de plus de 700 km. Je suis admirative. Je me demande pourtant s’il faudrait que j’entreprenne ce voyage parce que l’adage dit : c’est le voyage qui importe et pas la destination. Dans mon mode de fonctionnement, je veux souvent finir les choses avant de les avoir commencés alors peut être bien que ce chemin, cette route n’est pas pour moi. Mais mon âme m’appelle à y aller. Je le ressens profondément. Elle m’aidera à dépasser toute peur. Beaucoup de mes écrivains fétiches l’ont fait et ils sont tous revenus différents. Alix dit : « On traverse les paysages et ils ne nous appartiennent pas ». C’est tellement vrai. On peut être saisi par la beauté d’un coucher de soleil ou de la goutte d’eau qui ruisselle sur une feuille. Ce n’est qu’un cliché de quelque chose de plus grand qui nous dépasse. J’aime cette vision. Je prends beaucoup de photographies comme pour fixer des scènes dans mon esprit. Dans ce livre, elle n’a pas pris de photos parce qu’elle dit que ce qui lui restera, ce sont les rencontres, les regards et pas les paysages qu’elle ne fait que traverser. Elle aura oublié le nom des patelins où elle a dormi mais pas le regard de cette petite fille ou les encouragements de ce couple. Elle aura oublié le nombre de kilomètres reliant le point A au point B mais pas la vision de ce couple endormi. Elle a l’impression que leur sommeil respire au même rythme. Tout cela, elle ne l’aura pas oublié. Peut être bien qu’il faut que je me détache de toute image qui fige l’instant pour vraiment plonger dans l’être. Photographier n’est ce pas encore être en périphérie de sa vie et ne pas en être immergée totalement ? Je repense également à  mon écriture et je sais que toutes mes descriptions ne sont que le fruit de ce que je porte en moi et qu’une autre personne aura vécu le même instant, différemment, avec son vécu, ses blessures et son regard qui n’est pas le mien. Quelle richesse que de se découvrir unique et avec beaucoup d’humilité, je me détache encore un peu plus de ce qui encombre mon être. Je continuerai tout de même à prendre chaque jour un cliché… un cliché par jour comme pour acter ou dater ce confinement.

A 17h, j’allumerai la radio et je dirai les vêpres en communion avec tout le diocèse. J’ai ce côté un peu rebelle et pourtant j’aime les gens et j’ai besoin de vivre ma foi au milieu du monde : la tête dans les étoiles et les pieds dans la terre. C’est ainsi que la vie m’appartient comme une incarnation terre et cieux.

Ps : moi qui dit vouloir finir les choses avant de les avoir commencé, je ne me serai jamais cru capable d’écrire avec régularité, chaque jour et au moins 48 fois (puisque nous en sommes au 48ème jour et que je ne sais pas de quoi demain sera fait. Ma devise prend tout son sens : « A cœur vaillant, rien d’impossible »).

JOUR 49

Nuit courte et troublée par quelques états d’âme que je vais régler ce jour. Quelques personnes me manquent encore mais je fais avec. Avant de me lever, j’avais plein de choses en tête qui se structuraient et que je souhaitais dire ici et maintenant que je suis devant l’ordinateur, c’est comme si tout s’était envolé. Je me retrouve avec un cerveau vide de pensées. Je trouve cela étrange mais je me dis que tout a un sens et que cela n’est pas abouti. Aussi, il n’y a pas besoin de l’écrire. Il parait qu’il faut savoir dire merci et avoir plein de gratitudes envers les gens qui nous ont aidés. Cela implique aussi d’acter et d’envoyer des messages aux personnes qui sont parties loin de moi. Ce n’est pas un problème pour moi que de les remercier. C’est plutôt un problème qu’ils puissent me répondre de peur que cela réactive en moi un « manque ». Je pense à ma sœur de cœur qui est parti loin de moi. Je pense à elle mais sans vraiment de manque. Je me demande ce qu’elle fait etc. Notre relation a vraiment été forte et très particulière…. Sûrement trop fusionnelle et intense. Dorénavant, je dois avouer que j’ai peur. Oui, j’ai peur de me rapprocher des âmes et de m’y brûler. C’est mieux d’aimer de loin non ? De ne pas trop s’approprier l’autre ou de ne pas avoir une relation amicale trop forte ? Oui, j’ai très peur de reproduire ce que j’ai vécu avec elle parce que c’était exceptionnel. Je remercie le Seigneur parce que ce qu’on a vécu toutes les deux étaient au-delà des mots. Je savais qu’elle partirait. C’était écrit. Je le savais mais je n’y croyais pas. Elle est une rencontre d’âme qui était unique et qui m’a fait grandir énormément. Je l’avais cependant placé sur un piédestal et cela n’était donc pas équilibré. Ma petite Marie, je ne t’oublierai jamais. Tu es un de mes soleils que je place à côté d’une étoile polaire. Lorsque je suis triste, je regarde le ciel et je vois l’étoile et le soleil. On n’est jamais seule n’est ce pas ?

Mais il faut que je me secoue un peu et que je revienne à des choses un peu plus saines et basiques. Je vais aller au marché ce matin avec Lola. Cela va me faire du bien de penser à autre chose. Aujourd’hui, j’ai envie d’avoir un rythme un peu plus élevé : faire du ménage, frotter, trier mes photos, etc… Il est temps que je reprenne un programme de vie. Il faut aussi que je parle à ma fille que j’aime. J’ai besoin de lui parler et elle aussi je crois.

Je plonge dans ma vie parce que si je reste devant cette page blanche, je vais tourner en rond. Ecrire pour écrire ne m’intéresse pas vraiment. Je ne suis pas un écrivain. Je pose juste mes pensées du moment.

… (plus tard)… Il n’y a rien de plus fidèle qu’un chien. J’ai fais la sieste ; elle est venue dormir à mes pieds. Je viens dans le bureau ; elle vient s’allonger derrière moi. Cela me touche parce qu’un chien vit sans pourquoi et parce qu’il nous aime d’une manière unique et infini. Il est toujours heureux de nous voir et jamais de mauvaise humeur contre nous.

J’ai parlé à ma fille aussi et on s’aime toujours autant malgré un manque de compréhension parfois. Mon âme est soulagée. J’ai passé deux jours difficiles. Je n’aime pas qu’on soit fâché.

Père Christian m’a appelé. Il reste une année supplémentaire au Carmel du Reposoir. C’est chouette. J’aime beaucoup cet homme. Son parcours spirituel est unique en soi. J’ai parlé un peu avec lui et on en est venu à parler d’un sujet sensible pour moi : « le détachement ». S’il y a souffrance, c’est que nous sommes attachés. Il faut couper le lien. Facile à dire mais pas si facile à faire. Si on me donne le mode d’emploi, je dois être capable de le suivre mais en existe-t-il un à part celui du cœur ? J’ai compris aussi que cette histoire d’attachement est également liée à mon histoire personnel et à l’amour que je me porte qui n’est pas encore abouti ou suffisamment solide. Il vacille encore sur ses bases. Aujourd’hui est une journée un peu triste et morne. Pourtant le soleil brille et il n’y a plus qu’une semaine de confinement à tenir. A partir de lundi, je pourrai retourner au Reposoir, dans la montagne me ressourcer. Je pourrais revoir mes amis… Temps d’arrêt ? Je n’ai pas grand monde en fait à par Sandy et Lucie. Mes amis ne sont plus si nombreux que cela. Je les ai perdus au fur et à mesure de mes pas. J’aurai du tel le petit poucet mettre des cailloux afin qu’ils puissent me retrouver. Du coup, pourquoi se réjouir ? être libre c’est bien mais s’il n’y a pas des rires et des regards, cela ne sert pas grand-chose. Je dois arrêter de penser ainsi et me recentrer. Je suis décentrée et mon envie de manger est bien présent. J’essaye de nourrir mon être avec de la nourriture au lieu de le nourrir à la source. Comme au début des vêpres, je pourrais dire en chantant : « Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre Secours… ». Je reste dans l’espérance parce que l’univers est merveilleusement beau.

Ps : j’ai reçu un beau cadeau de la part d’Alex, mon cousin marin. Il m’a envoyé un magnet en bois qu’il a acheté à Jérusalem. Merci mon Alex.

 

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article