Covid 19 : Mon expérience intérieure - semaine 8

Publié le par Petite soeur du seigneur

Covid 19 : Mon expérience intérieure - semaine 8

JOUR 50

Je n’arrive pas à comprendre mon manque de sommeil. La nuit, je tourne et me retourne dans mon lit et mon corps se trouve perclus de douleur : cervical, hanches etc. J’ai cependant décidé de ne pas faire de sieste aujourd’hui. Cela ne fait qu’aggraver le fait de ne pas dormir la nuit. Il pleut à nouveau ce matin ! Levée à 05h45. J’aime cependant les réveils matinaux parce que j’ai l’impression que la journée m’appartient. J’ai fais beaucoup de choses d’ailleurs ce jour. J’ai déjà regardé la rediffusion de l’émission d’hier soir sur la vie de Sainte Thérèse de Lisieux, une petite sainte que j’aime beaucoup. Cela m’a fait plaisir et beaucoup de bien de redécouvrir son histoire ; courte vie de 24 ans. Elle est cependant docteur en Eglise (j’allais écrire en médecine tellement elle soigne les âmes). Elle a découvert une petite voie qui nous rapproche de Dieu. Ses parents aussi sont un exemple de vertus et de bonté. C’est bon de redécouvrir des vies hors du commun et cela me dégage un peu de mes pensées qui m’engluent dans la boue.

J’ai été me promenée assez tard et je suis heureuse parce que ma hanche bien que douloureuse la nuit, ne me fait plus mal depuis déjà quelques jours, en journée et je rends grâce à Dieu ! Quel soulagement de pouvoir profiter des balades sans douleur ! J’ai rencontré encore Païko, un copain de Lola que je vois très souvent. Il appartient à un jeune couple très sympathique. C’est étrange parce que nous les croisons toujours séparément et je les trouve exactement dans la même dynamique de gentillesse et d’amour. On perçoit en eux une bonté évidente et je trouve qu’ils vont très bien ensemble. C’est une très belle rencontre que ces deux personnes. Ce matin, alors que je discutais avec la jeune femme, j’ai plongé dans son regard. Wow ! un bleu aussi pur et clair est très très rare. Elle est magnifique. Je suis persuadée que c’est son âme qui rejaillit sur son physique.  Je trouve ces deux jeunes gens magnifiques. Je souris parce que je comprends qu’il n’y a pas besoin de faire des actions incroyables pour que l’ordinaire devienne extraordinaire. Comme Sainte Thérèse ! Mais je me perds dans mes pensées. Je suis heureuse ce matin. Je crois que laisser de la place à l’imprévu et laisser partir les personnes qui ne désirent plus te côtoyer ouvrent une porte magnifique… une porte de lumière. J’ai confiance.

… (plus tard)… Il est temps que je puisse m’évader un peu physiquement. Même si j’aime mon lieu de vie, j’ai besoin d’air… J’ai besoin de me retrouver… Je ressens cet énervement intérieur… J’ai besoin de respirer.

JOUR 51

Aujourd’hui, j’ai retrouvé un peu d’entrain et de dynamisme. J’ai bien travaillé dans ma maison et cet après-midi, j’irai à mon bureau deux heures de temps. Au fonds, personne n’est responsable de personne. Je ne sais pas pourquoi j’ai écrit cela… Sûrement encore une réflexion dû à mon attachement aux gens. Je pense beaucoup à « eux ». pense-t-il à moi ? et quand bien même ? Est-ce que cela changerait la face du monde ? Une autre réflexion m’est venu ce matin : Cela fait donc 51 jours (j’allais écrire ans ! ) que nous sommes en confinement dû à un virus venu de Chine. Nous vivons donc une aventure unique (en tout cas pour moi !). Je suis passée par pleins de phases différentes : colère, tristesse, joie etc… Je me demande cependant si je ne suis pas passée à côté de quelque chose d’extrêmement important : « Le lâcher prise ». Je me suis obligée à écrire chaque jour en voulant mener à bien un projet d’édition ou plutôt de mode d’emploi de Claudine. Et bien, j’ai l’honneur d’avoir découvert que Claudine n’a aucun mode d’emploi ! et qu’elle fonctionne en mode rebelle et typiquement humaine ! Claudine n’est pas le clone d’un autre et doit donc s’adapter à ce qu’elle est. Je dois donc m’adapter à ce que je suis ! Alors là ! Je suis obligée de rire. Quelle ironie tout cela. Dimanche, je clôturerai ce journal puisque Lundi le déconfinement commence. Cela ne sonne pas le glas du virus mais un tournant de vie.  Je n’ai pas envie de le louper et de me prendre un mur. Oui, dimanche, je fermerai ce journal et je vivrais intérieurement la suite de mon histoire. Qui sait… Je reviendrais sûrement écrire… sur moi ! Quel beau sujet d’étude ! Trêve de plaisanterie. En attendant tout cela, je vais aller mettre la table.

J’ai appris ce jour la poursuite de mon chômage partiel à 100 % (expression qui me fait rire) pendant tout le mois de mai. Ce n’est pas très drôle tout ça mais je vais rester centrer en moi pour lâcher « enfin » prise et être. La suite au prochain épisode (demain matin quoi… )

JOUR 52

J’ai oublié mon portable ce matin lorsque je suis partie en balade. Au début, je me suis dis « tant mieux, c’est que tu reviens à l’essentiel »… Après, je me suis dis « Mince, ta distance ne s’inscrira pas sur le podomètre et tu ne sauras pas combien de kilomètres tu as fais ». Bon après tout, ce n’est pas important. Et tout à coup, je me suis dis « Oups, tu n’as pas ton portable pour regarder l’heure et ne pas dépasser l’heure autorisée ». Comme quoi, un simple petit appareil peut nous faire tourner en bourrique. C’est dingue non ? En plus, je faisais la même balade que d’habitude donc je sais parfaitement combien de temps elle dure et exactement le nombre de kilomètres qu’elle fait ! Je suis obligée d’en rire. Vraiment Claudine ! Ton humanité t’en fait voir de toutes les couleurs !

J’ai vu un drôle d’arbre ce matin avec une fleur en forme de nénuphar. C’est la première fois que je la vois cette fleur et pourtant il me suffisait de lever la tête. Au fonds, ce confinement m’aura fait découvrir le printemps qui me laissait indifférente alors que j’adorais l’automne. Je découvre en cette saison une explosion de couleurs, de saveurs, de senteurs et la merveille de la nature sans cesse renouvelée. Merci Mon Dieu pour cette découverte ! Dans le petit bois aux biches, je respire et je ressens l’herbe coupé. Tout a été tondu. J’aimais bien l’odeur de l’herbe coupé jusqu’à ce que mon fils me raconte l’origine de cette odeur. En fait, le brin d’herbe est arraché par la lame de la tondeuse et sécrète une hormone de stress qui se répercute à toute la prairie d’où l’odeur ! C’est fou non ? Du coup, désormais, lorsque je sens cette odeur,  je me dis « la pauvre herbe ». C’est un organisme de vie au même titre que les arbres que j’aime tellement.

 

J’ai bien dormi cette nuit à part un réveil à 04h15 pour une pause « pipi ». J’ai fais un drôle de rêve mais je ne m’en rappelle que la fin. On nous présentait 4 gâteaux aux framboises entourées de chocolat. Cela avait l’air divin et tout le monde s’extasiait. Je leur disais « servez vous moi je prendrais celui qui restera car ils sont tous délicieux ». J’ai encore la vision de ces gâteaux en tête « hum »… J’en mangerais bien. D’ailleurs, j’ai faim n’ayant pas déjeuné. Je n’ai plus de pain. Cela ne me fera pas de mal. Je vais entamée une petite séance de gym et d’étirements pour bien commencer la journée.

C’est tout de même bizarre que de me dire que j’ai encore un mois de « rien » ou plutôt d’espace de liberté intérieure puisque je suis au chômage jusqu’à la fin du mois. A chaque jour suffit sa peine, on va rester centrer et profiter de ce que le Seigneur m’offre : la santé, ma famille, un regard d’amour et de belles personnes autour de moi.

… (milieu de matinée). Au fonds, chaque personne est égoïste et moi la première. Je viens de voir un homme qui souffre du coronavirus et qui a été plongé pendant 21 jours dans le coma artificiel et moi j’écris mes petites histoires sur un journal qui n’intéresse au fonds personne d’autre que moi-même. Je me rends compte que j’ai souvent taxé d’égoïsme certains amis parce qu’il ne m’envoyait plus de messages pendant cette période de confinement. Je ne suis ni mieux ni moins bien que les autres mais dans l’humanité toute entière. Merci Seigneur parce que cette vidéo m’a remis les pieds sur terre.

 

JOUR 53

« A cœur vaillant, rien d’impossible ». Lors de la journée 30, j’ai parlé de cette légende personnelle qui est mienne et que je dis souvent. C’est une citation qui me correspond. Hier soir, le ciel m’a encore fait un beau cadeau. J’étais dans mon lit et je lisais quelques magazines « Prier ». Déjà, la première citation de la couverture m’a beaucoup parlé : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » Matthieu 10,8. Cette notion de gratuité me ramène à la gratitude et surtout de  « faire avec le cœur » sans rien attendre en retour et à priori mon problème d’attachement aux êtres va à l’encontre de tout ce que Jésus prône. « Bien Claudine, tu commences fort ». J’étais perturbée hier dans mon lit et je me demandais vraiment si je n’étais pas passée à côté de quelque chose en écrivant cette expérience. Etais-ce vraiment nécessaire ? Égotique ? Stupide ? Tout à coup, au détour de la page 20, le titre accroche mon regard : « A chœur vaillant, rien d’impossible ». C’est ma légende personnelle ça ! Bon, là il y a un h en plus puisqu’il parle de chorales mais phonétiquement, c’est ma légende. J’ai relu plusieurs fois le titre et mes yeux se sont embués parce que c’est la preuve (encore fallu-t-il une preuve) que mes anges, le Seigneur et le ciel tout entier sont à mes côtés et contribue à vouloir m’aider à élever mon regard. Je suis bouleversée par cette amour et je ressens un encouragement du ciel : « Va y avance, de la manière dont tu le souhaites. Tout est ouvert ! Saisis  la grâce de chaque instant et tes désirs les plus fous ! Oui à cœur vaillant, rien d’impossible et ton cœur est bien vaillant Claudine ! ». Que de grâces dans ma vie ! Comme j’aime mon Seigneur ! Le ciel et tous ceux qui œuvrent pour nous, petits humains.

 

Je suis comblée de grâces et je repense à hier soir. Je m’étais installée sur ma terrasse et j’avais écouté des chansons d’amour pour Jésus tout en regardant les montagnes et le ciel. Encore une fois, j’ai eu envie de pleurer parce que je ressens tant d’amour dans la création et dans ce que le Seigneur veut pour nous que cela m’émeut à chaque fois que j’y pense. Pour moi, c’est une chose incroyable et je ne suis jamais blasée mais émerveillée par son amour. Quelques fois, cela me prend tellement fort, que j’aurai envie de serrer dans mes bras le ciel, de serrer dans mes bras « l’amour ».

Ce matin, j’ai envie d’aller à l’église me confesser. Je ne sais pas si le prêtre sera là où non. Je tente.

 

JOUR 54

Je n’ai pas réécris hier de la journée, toute occupée à « vivre » autre chose : peinture, lecture, sieste. J’ai pourtant été me confesser à l’église. C’est un sacrement qui revêt toute son importance pour moi non pas que je ne sache pas être pardonnée depuis la nuit des temps mais c’est le pas que je fais vers Dieu qui est important. C’est lui montrer ma contrition et ma dévotion envers lui. C’est lui dire : « là Seigneur, je n’ai pas été au top, j’ai honte, j’ai été en colère ». Cela m’a fait beaucoup de bien et m’a libéré. Père Alexandre a eu encore une fois des paroles très ajustées que j’ai entendu résonner dans mon cœur. Ce qu’il m’a dit, je le savais au fonds de moi mais de l’entendre exprimer par une tierce personne était important.

J’ai discuté avec ma fille et j’ai essayé de lui expliquer pourquoi je me confessais et quel sens cela avait pour moi. Elle a eu une phrase qui m’a interpellé : « En fait Maman, tu t’excuses d’être humaine ? ». Je crois qu’elle a tout compris et j’apprends beaucoup à son contact. Elle est aussi terre à terre que moi je suis mystique et ce n’est pas peu dire mais elle me ramène à certains principes importants. De toute manière, je ne sais pas si on peut expliquer à quelqu’un la confession. Si je devais donner une définition à la confession ce serait : « La confession est un rendez-vous amoureux avec Dieu où je me donne totalement et avec un cœur totalement ouvert puisqu’il est plus intime à moi- même que personne ». Qui n’auraient pas envie d’aller à un rendez-vous amoureux ?

 

Nous sommes samedi et lundi aura lieu le déconfinement. Demain, ce sera donc la fin de ce journal si particulier qui aura duré 55 jours ! Dois-je faire une relecture de ce confinement ? Je crois qu’il est trop tôt pour cela et que je dois laisser décanter un peu. En tout cas, j’ai appris une chose importante. Ma relation à Dieu est inaltérable parce qu’il habite dans mon cœur. L’Eglise en est le phare mais Jésus est la lumière. Même sans le phare, la lumière subsistera toujours. J’ai entendu sur RCF un témoignage très beau. Je vous le partage. C’était au Cambodge où beaucoup de chrétiens ont été assassinés et les églises détruites par les Khmers Rouges. Dans un village, il restait une seule chrétienne, vieille dame très âgée. Elle n’avait ni communauté ni prêtre pour la soutenir dans la foi mais chaque nuit de Noël, elle rassemblait le village et leur racontait la naissance de Jésus. Cette femme est décédée et pourtant dans son village, une église a été reconstruite et 50 personnes ont été baptisées et ont reçu la communion. Chaque année, la communauté s’agrandit. En fait, cette femme n’avait plus de phare mais Jésus était en son cœur et lorsqu’elle parlait de lui, la lumière éclairait l’assemblée. Grâce à elle, la lumière ne s’est jamais éteinte ! Je pense que cette femme est sainte désormais. C’est une belle histoire je trouve. Elle me touche en tout cas.

J’ai aussi appris (je crois) l’autonomie et la solitude habitée. J’ai appris à me passer des autres ou en tout cas, à faire sans. J’irai au bout de cette histoire de détachement. Il est important que j’aille au bout.

Le soleil est merveilleux aujourd’hui et malgré un mal de hanches intense, je vais profiter de ce que la vie m’offre comme un cadeau et la douleur me fait me sentir vivante alors merci Seigneur.

 

JOUR 55

Dernier jour de ce confinement total, en espérant que cela sera définitif et que cette épidémie ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. J’ai été faire ma balade matinale avec mon mari et ma chienne. J’espère que ce tour que nous avions créé ne sera (lui aussi) plus d’actualité ; Je sors de la boucle ou de la matrice. C’est étrange parce que je n’ai pas un moral très grand. J’ai beaucoup de choses intérieures qui me font pleurer mais je garde confiance, courage et foi parce que le Seigneur va me libérer. Il sait mon désir.

La libération de mon mal de hanches en est aussi à ce prix.

Ce matin sur instagram, j’ai vu une publication qui disait « écrit l’histoire de ta vie avec Dieu comme personnage principal ». Cela m’a interpellé mais je pense que cette citation est inexacte. C’est moi le personnage principal de ma vie et Dieu est ma lumière et celui qui éclaire ma route. Je repense à cette chanson : « Que vive mon âme à te louer, tu as posé une lampe, une lumière sur ma route, ta parole Seigneur, ta parole Seigneur ! »

Ces deux mois « confinés » ont en tout cas permis quelque chose d’important : c’est de faire de moi-même, mon essentiel. Je sais que je dois désormais prendre soin de moi et je sais que je ne le fais pas encore assez. Je ne sais pas faire car on ne me l’a jamais appris. Mais je sais aussi que j’ai tout en moi et que personne ne m’apportera jamais les réponses. J’ai aussi appris que chaque amitié était unique mais que personne ne devait rien à personne. J’aurai aimé que ces amitiés deviennent plus fortes pendant ce confinement mais j’ai l’impression qu’au contraire elles se sont dissoutes ou qu’elles sont devenues quelque chose de non essentiel. J’en ai beaucoup souffert et j’en souffre toujours un peu. Il est toujours difficile de laisser voler en toute liberté les êtres mais un papillon ne doit pas rester en cage. C’est tellement beau un papillon qui vole. Un jour mes larmes sècheront et moi aussi, tel ce beau papillon, je m’envolerai librement et pour toujours. Après avoir beaucoup parlé et écrit, je terminerai par un poème d’une grande Sainte :

« Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante, tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout ; celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit. Elève ta pensée, monte au ciel, ne t'angoisse de rien, que rien ne te trouble. Suis Jésus Christ d'un grand cœur, et quoi qu'il arrive, que rien ne t'épouvante. Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ; il n'a rien de stable, tout passe. Aspire au céleste, qui dure toujours ; fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas. Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ; mais il n'y a pas d'amour de qualité sans la patience. Que confiance et foi vive maintiennent l'âme, celui qui croit et espère obtient tout. Même s'il se voit assailli par l'enfer, il déjouera ses faveurs, celui qui possède Dieu. Même si lui viennent abandons, croix, malheurs, si Dieu est son trésor, il ne manque de rien. Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs : même si l'on vient à tout perdre, Dieu seul suffit. Amen. »

Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582)

 

Claudine MERMET-PEROZ

10/05/2020 – 08H10

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