Sanctifier le dimanche

Publié le par Petite soeur du seigneur

Sanctifier le dimanche

J’ai assisté à une journée diocésaine de formation le 16 octobre 2020 à Annecy. J’ai envie de vous partager ce qui s’y est vécu.

Célébrer le dimanche est la plus ancienne des institutions de la vie chrétienne. C’était un jour de joie et de cessation de travail. Dans son encyclique, le Pape François nous dit que le rassemblement du dimanche est fondamental et fondateur. Il nous faut redécouvrir le dimanche et reprendre une réflexion sur la place que l’on met dans notre vie sur ce jour du Seigneur.

Dans le passé, aller à la messe était une obligation sociétale. Aujourd’hui, le dimanche a tendance à devenir un jour comme les autres (on travaille, on accumule les loisirs, etc…). Cela nous oblige à faire des choix de liberté. Pourtant, se rassembler le dimanche est prophétique dans l’annonce de quelque chose qui nous dépasse. Le fait de sonner les cloches avant la messe annonce une grande joie. C’est le bonheur visible de se rassembler et interpelle ceux qui n’y vont pas. Pourquoi se rassemblent-ils ? Cela nous ramène à l’essentiel où le disciple suit son maître. C’est mettre nos pas dans ceux du Christ. Il nous a dit « viens, suis-moi ! ». Si j’aime le Christ, je ne peux pas refuser son invitation.

L’importance de se rassembler

Une Eglise n’existe pas par écran interposé. On a vu la pauvreté et le manque pendant le confinement. Bien entendu, pendant la crise, cela a pallié à ce manque mais cela doit rester sporadique. L’église est la demeure de la communauté. Il faut qu’il y ait rassemblement pour garder la communauté. Le dimanche nous aide à nous reconnaître « PEUPLE DE DIEU ». Les réseaux d’appartenance ont complètement exposé. En effet, le virtuel ne fait pas la communauté que le Seigneur nous donne mais créé une communauté que je choisi. C’est un point de réflexion qu’il nous faut creuser. Lorsqu’il y occasion de se rassembler, qu’est ce qu’on choisit ? Il est important de rester dans sa communauté avec ce qu’elle est, ses contradictions et ses pauvretés. Faisons-nous encore Eglise ? Existons-nous encore par les autres ?

Le rassemblement appartient à la nature même de la liturgie (en grec, cela signifie service public, action du peuple. C’est une action double qui va de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu). La liturgie est par définition communautaire. Il faut savoir que l’eucharistie n’est pas un acte de piété personnel mais un acte communautaire du rappel de la Pâques. D’ailleurs, vous remarquerez que la liturgie utilise toujours le « nous ». Le seul moment où il y a le « je » se trouve dans les psaumes. Pour qu’il y ai liturgie il faut qu’il y ai rassemblement. L’aspect théologique nous dit que chacun se retrouve faisant parti du peuple et la dimension trinitaire est bien présente. C’est une invitation aux hommes à vivre en communion avec ce qu’on est. D’ailleurs, la communion spirituelle ne peut en aucun cas remplacer la communion physique.

Dieu est Père, Fils et Saint Esprit. Jésus, dans la prière qu’il nous a apprit, dit « NOTRE PERE » et pas « MON PERE ». Cette prière nous invite à la communion trinitaire et communautaire. Dans le passé, comme il s’agissait d’une obligation sociétale, on savait exactement qui n’allait pas à la messe. De nos jours, la tendance est inversée et nous savons qui y va ! Un chrétien seul est un chrétien en danger de mort. L’obligation dominicale nous oblige à la nécessité du rassemblement. C’est un devoir du dimanche pour se reconnaître chrétien sinon il y aurait individualité chrétienne sans communauté. Celle-ci a besoin de nos initiatives et de notre présence. Il faut arrêter de picorer et ne pas choisir comme au restaurant mais prendre le menu.

Le but du baptême est d’annoncer la bonne nouvelle et d’être missionnaire. Le dimanche, nous célébrons le mystère pascal. C’est l’accueil de la présence du Christ ressuscité dans notre assemblée. Le mystère de la foi est la mort, la résurrection et l’attente de la venue du Christ dans la gloire. C’est cela que nous annonçons. Le mystère est quelque chose qui nous dépasse et cela implique une forme de dépossession. On se laisse saisir. Cela tient du dévoilement et ce n’est pas parce que je ne comprends pas tout qu’il faut refuser d’entrer dans le mystère. La liturgie va déployer ce mystère. Il faut se laisser saisir !  Ce mystère est la présence sacramentelle et réelle. Il faut donc aller au-delà de ce que je vois.

De dimanche en dimanche, j’enclenche un processus qui me plonge dans ce mystère. C’est un cheminement qui se déploie dans un mémorial : passé, présent et avenir (toi qui était mort, toi qui est vivant, vient Seigneur jésus). Sans ce processus, je  ne deviens plus un chrétien de mémoire mais un chrétien amnésique. Dieu nous a définitivement sauvés et toute expérience du salut est une expérience du mystère pascale. Avec les autres, je fais l’expérience spirituelle. Il faut repenser le dimanche dans l’ensemble du mystère de la foi.

Un jour de fête

Pour beaucoup de contemporains, le dimanche est un jour soit d’ennuis et de récupération soit un jour où l’on multiplie les activités. Il y a une recherche à tout prix à faire la fête.

Pourtant, c’est dans la messe dominicale qu’il y a la gratuité de la fête. Les chrétiens montrent une sagesse de vie (une fête gratuite). Cela est indispensable. Le dimanche doit se distinguer de la semaine pour ne pas tomber dans la monotonie et être différente de la messe en semaine par les chants, la mise en lumière, etc… Au moment de la vigile pascale, on aurait tendance à en avancer l’heure ou à en réduire les rites. Cela la transforme en une messe ordinaire alors que c’est le sommet de la vie chrétienne et elle devrait être la fête parmi les fêtes. La fête nous rappelle la dimension de gratuite. Pour préparer la fête, il ya des temps d’attente (exemple : le carême nous amène à Pâques et l’avent à Noël). En effet, nous avons besoin de temps pour faire les choses et si nous voulons faire la fête il faut un minimum d’éléments du « beau » : fleurs, musique, vêtements de fête. Cette fête est le souvenir de la vie sur la mort. Est-ce que nos rassemblements dans l’église ont vraiment une dimension festive ?

Le dimanche est un jour de repos. On pourrait transposer avec le jour du sabbat des juifs (le samedi) où l’on se repose un jour dans la semaine. La sagesse chrétienne nous oblige aussi à un jour de repos (l’homme ne vit pas seulement de pain). C’est le 8ème jour qui est création nouvelle : le désir de Dieu qui vient.

Le dimanche n’est pas un jour de fête où l’on « s’éclate » mais on l’on se rassemble pour faire « la fête ». Nous sommes invités à suivre le christ pour le festin du royaume. Vous remarquerez que dans la bible, chaque rencontre de Jésus était suivi d’un repas. C’est le temps du repos ; de la rupture. Le repas familial du dimanche y prend tout son sens. Comment permettre aux prêtres d’entrer eux aussi dans cette dimension ? (invitation à partager le repas afin qu’ils puissent vivre cela.). C’est aussi, par respect pour la création, une invitation à rentrer dans une écologie intégrale car on se met au service de l’autre.

Sanctifier le dimanche, qu’est ce que cela veut dire :

  • Le mot saint nous rappelle que seul Dieu est Saint.
  • Pour accéder à la sainteté, il faut accueillir la sainteté de Dieu
  • Déployer un art de vivre
  • Se laisser saisir par Dieu pour avancer sur le chemin de la sainteté
  • Jour de rencontre dans la prière, la lecture, la fête

Mais comment arriver à célébrer de manière festive et vivante ? Il est important que le prêtre prépare son homélie en fonction du public et pour sortir des difficultés, ne pas épuiser les équipes liturgiques. Il faut prendre le temps de la relecture.

Le ministère diaconal prend son sens dans la source de l’eucharistie. Il ne faut pas oublier que l’eucharistie est faite pour les initiés (catéchisés). Il faudrait donc prévoir quelque chose accessible aux non initiés :

  • Célébration de la parole
  • Ecole de prière

Bien entendu, l’eucharistie a la place centrale mais il y a des périphéries dont le but est de conduire au centre. Il s’agit de réamorcer un mouvement entre le centre et ses périphéries.

Il est donc bon de se rassembler, de prier ensemble, de vivre en communauté pour montrer le bonheur de se retrouver le dimanche.

Sanctifier le dimanche reste un enjeu majeur pour l’Eglise, la vie en communauté et le service au monde. Il ne faut pas que ce soit un jour comme les autres. C’est aussi vivre la proximité avec Dieu dans la prière, les gens du village et la mémoire par les autres du mystère pascal. Comment ?

  • Par la liturgie de la parole
  • La nourriture spirituelle
  • La liturgie baptismale,
  • Des temps de rencontres communautaires,
  • La liturgie des heures,
  • Des temps de catéchèse,
  • Des repas partagé,
  • Célébrer un anniversaire de mariage ou autre,
  • Bénédiction des enfants qui vont à l’école
  • Etc

Les idées ne manquent pas. On peut également dans la semaine proposer des temps de prière afin de faire du dimanche un lieu « source » où je vais irriguer toute ma sève.

Alors anamnèse ou amnésie ? que choisirons-nous ?

On peut également aider les petites fraternités à se retrouver. Dans les villages où il n’y a pas de messe, pourquoi ne pas se retrouver à 7 ou 8 devant la messe télévisée pour prier ensemble ? et partager ensuite un temps convivial ? On reforme ainsi une cellule chrétienne et une petite communauté peut ainsi voir le jour.

L’Eglise ne sera vraiment Eglise qui si elle s’y rassemble. Quelles sont les conditions pour que nos communautés vivent vraiment ? L’Eglise est un corps et l’eucharistie est là pour témoigner du royaume où l’on vit. IL faut donc dans les églises une bonne sono, du chauffage, une liturgie soignée, bien préparée afin que la communauté fasse une expérience spirituelle.

Se rassembler le dimanche est la source de notre foi, l’espérance et la charité.

Se rassembler pour faire de chaque dimanche une fête en l’honneur de notre Seigneur !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article